Cette page présente les textes présentés lors de la cérémonie du 06 avril 2012 qui fît suite au décès  de Charlotte et lors de la cérémonie souvenir, 5 ans après , le 1er avril 2017. 

Cérémonie du 1er avril 2017

Texte de Bénédicte  (sa mère)

Ma chérie,

 

Il y a cinq ans débutés les attentats, un tsunami dévasté une partie du japon et pour notre famille ta disparition fut un cataclysme.

Cette année, on s'est dit que c'était important avec tes amis et les nôtres de prendre le temps de nous retrouver et de penser encore plus à toi. Ils ont répondu présents  et je les en remercie 

A plusieurs on est plus fort même si on n'est pas moins triste !!!

 

On n'était pas préparé au pire. Il est de ces réalités qu'on n'était pas prêts à recevoir.

On ne t'a pas dit au-revoir, tu es partie sans prévenir, ce soir d'avril nous laissant baigner dans un invisible froid et un sentiment coupable.

J’ai du mal encore à parler de toi, c’est bien  difficile,  j'ai la voix qui se serre et souvent les yeux pleins de larmes dès que je pense à toi

C’est dur de combattre ton absence, elle est tellement forte, elle a crée un si grand vide : tes coups de fils me manquent, ton rire et ton regard, tes si beaux yeux 

 

ça fait mal de vivre sans toi, tu n’imagines même pas

Avoir vécu avec toi et apprendre à vivre sans…    

Pourtant , tu es toujours là , dans nos esprits et dans nos souvenirs, sur des photos de vacances,  sur un marque page que beaucoup garde précieusement une liste de course griffonnée , un parfum dans ta chambre, une casquette sur une étagère, un cd des enfoirés même pas déballé …

 

Chacun poursuit son chemin,  les enfants grandissent et abordent le virage de l’adolescence, confrontant  tes tantes à cette épreuve 

Des  bouts de chou sont arrivés : Plume et Tom chez Céline et Manu a eu la surprise d’avoir Manech

sur qu’elle t’aurait souvent sollicité comme baby-sitter

Tout ce petit monde occupe bien les grands- parents.

 

Quant à tes amis, ils  nous contactent régulièrement :

ton ami Nicolas qui a eu aussi un poste  à St Nazaire , Estelle et sa petite jade qui porte aussi ton prénom, Patrick qui nous fait voyager avec lui sur Facebook , les visites de Régis, Ismaël, Cécile ,Mallory , les messages de Sophie de Fred ,  Manon, les envois de fleurs : toutes ces petites choses nous relient à toi

 

Chez nous, ton père s’est investi dans la ligue contre la violence routière, il travaille beaucoup avec les jeunes sur la prévention.

Thibaut travaille à Cahors pour le département et va s’installer près de chez nous avec sa Juliette.

Il t’a écrit un livre magnifique alors on a décidé de le publier et de le partager, un tel message d’amour ne pouvait rester dans un tiroir !!!

Nico travaille aussi à Cahors et cherche encore un peu sa voie, il nous a présenté une deuxième Manon une jolie artiste.

Et puis il y a ta sœur, notre rayon de soleil qui aurait bien besoin que tu la calmes parfois sur ses envies de sorties  et de liberté

 

Depuis cinq ans,  il y a eu aussi des voyages, où nous t’avons toujours emmené laissant souvent une petite bougie allumée sur les lieux visités, des randonnées qui nous poussent dans nos limites physiques , nous font découvrir des endroits d’une rare beauté et nous vident la tête

Il y a eu des fêtes-surprises, des repas de famille où malgré tout une chaise restait vide, et des concerts qui  m’apportaient un peu d’énergie et de joie, de très belles  rencontres avec mes chanteurs préférés.

 

Et puis il y a cet endroit où tu reposes, si près de nous derrière la petite porte en bois, où je m’arrête presque tous les soirs pour te parler

Souvent Chachou venait me tenir compagnie, cela m’aidait je le prenais comme un signe que tu m’envoyais cette année elle n’est pas encore revenue….

Alors  j’écoute la musique de tes cœurs qui battent au vent parce que malgré tout  il faut vivre avec ton absence, se dire que la vie continue, chercher une envie qui a disparue et vivre avec ça un jour de plus ……..

 

 

 

Texte de Thibaut  (son frère)

 

5 ans : La bougie de Trinità dei Monti

 

La même église et ses trois cloches qui tintent régulièrement dans le vent. Une tombe plus décorée qu’avant. Les mêmes gens.

Tous réunis. Cinq ans après à Pradines. Un cocon consolidé autour de toi.

Tu as agi comme un aimant. Tout d’abord pour ta famille. Papi et mamie sont venus s’installer dans le Lot. Puis, moi qui suis revenu après mes études pour travailler ici. Qui l’aurait cru ? Et Nicolas, qui a trouvé un CDD à Cahors, ça t’étonnera moins car il a toujours été plus attaché au Lot. Quand il était étudiant, dès qu’il en avait l’occasion il venait retrouver son nid.

Tu as également dégagé un champ magnétique pour rassembler les gens autour de ta cause. Tu es devenue une cause, un symbole contre la violence routière. Papa en a fait son combat. Tu es son repère, comme une statue de la liberté qui mettrait en lumière avec sa torche les dangers au volant lorsqu’on ne respecte pas certaines règles élémentaires.

Tu réussis toujours à capter tes amis. Certains sont là, cinq ans après. Ils ne t’ont pas oubliée. Il leur arrive peut-être parfois, comme pour moi, que tu sois leur première pensée au réveil. Oui, aujourd’hui sera une journée de plus sans toi, c’est injuste. C’est comme ça, on ne peut que continuer.

On continue. A vieillir. Je suis désormais quelques années plus âgé que toi. J’ai réussi à faire pousser ma première barbe, il n’y a pas si longtemps. Moi qui craignait d’être un éternel imberbe. J’ai trois années de CDI aussi derrière moi. J’ai commencé le 1er avril 2014. Deux ans jour pour jour après l’accident. Je m’y plais. Juliette a récemment trouvé, de façon inespérée, un CDI de juriste à Cahors. Bientôt, nous aurons notre maison. Une belle maison en pierre rénovée avec un agréable jardin. Tu aurais aimé venir y boire un thé sur la terrasse. Elle n’est pas très loin. A côté de chez Mam, dans le vieux bourg de Pradines. Tu as déjà dû passer devant des dizaines de fois. Moi non plus, je n’aurais jamais pensé habiter là un jour.

On continue. On continue même si le monde ne va pas très bien. Tu te souviens en mars 2012, la première attaque terroriste, Mohammed Merah à Toulouse. C’est sûr que tu dois t’en rappeler, car Nico et moi nous étions étudiant dans la ville rose à cette époque-là. Tu avais dû t’inquiéter pour nous. Et bien ce n’était que le premier. Il y a eu une dizaine d’attaques en France depuis, des centaines de morts. Dans un premier temps, des cibles bien particulières, armée, juifs, liberté de la presse, policiers, une église. Puis les terroristes s’en sont pris à notre quotidien, une salle de concert, un train, une promenade des anglais.

Un mois avant les attaques du Bataclan, j’avais voulu aller y voir un concert. Ça ne disait pas à Juliette. A cette époque, elle était en stage à Paris et je m’y rendais à peu près un week-end sur deux. Ça m’a permis d’approfondir plus ma connaissance de la capitale et on adorait assister à des spectacles en soirée, pièces de théâtre et surtout des comiques. On allait bruncher le dimanche. Il y a eu 90 morts au Bataclan et une quarantaine d’autres en terrasse et dans des cafés-restaurants en novembre 2015. Il y avait beaucoup de jeunes, des êtres pleins de rêves et d’énergie à qui, comme à toi, on a arraché la vie. C’est comme ça, c’est un nouveau paramètre que nous avons intégré malgré nous. On peut mourir à cause d’un inconscient sur la route ou par une personne aveuglée par des concepts religieux dévoyés. Le dernier attentat était la semaine dernière, en mars, à Londres. C’était notre dernière destination de vacances en décembre avec Juliette.

J’ai découvert trois capitales européennes en 2016. J’ai donc pris six fois l’avion. Je ne l’avais repris depuis New-York avec toi en 2011. J’ai visité Amsterdam avec les parents et Manon en avril, Rome en juin avec Juliette et puis Londres en décembre.

Avant de partir à Rome, Maman m’a demandé d’avoir une pensée pour toi, d’allumer une bougie dans une de ses nombreuses églises. Nous avons parcouru avec Juliette pendant une semaine cette cité de part en part. Nous avons usé nos chaussures sur ses pavés entre l’antique et le sacré. Il y a eu un jour cette place et un escalier blanc mythique qui était en rénovation. C’est l’escalier que descend Audrey Hepburn avec sa glace, suivie de Gregory Peck dans le film « Vacances romaines ». Au sommet, il y a une église, la Trinità de Montéi. C’est dans cette église que j’ai allumé une bougie. Je l’ai fait pour Maman, pour moi, mais surtout pour toi.

Il y a toujours de l’espoir. Il y a cinq ans on allait élire un nouveau président. Nous voilà cinq ans plus tard à devoir en désigner un autre. Aux Etats-Unis, ils ont récemment élu un fou, un condensé de répugnance, milliardaire, égocentrique, misogyne, raciste. C’est leur choix, beaucoup se sont levés contre. En Europe, l’extrême droite séduit, mais les peuples ne sont pas encore totalement tombés dans leur piège. Il y a toujours de l’espoir. Nous allons le mois prochain élire le nouveau président. Tu n’auras pas connu celui d’avant. C’est long et court à la fois cinq ans.

Pendant ces cinq années, notre chat Titou est morte. Juste avant qu’elle ne parte, nous en avons eu un autre, Filou. Il était voleur, pissait n’importe où et j’y étais allergique, mais je l’aimais bien. Il est mort lui-aussi, il n’y a pas longtemps, comme ça, jeune, sans raison. Il avait été rejeté par sa mère à la naissance. Il devait avoir une malformation. Ça a fait beaucoup de peine aux parents et Manon, même Nico, sur lequel il grimpait sur les épaules pour se percher.

J’ai remarqué, quelques temps après, qu’il y avait encore la marque de ses coussinets sur mon pare-chocs. Il adorait grimper sur les voitures. Cela devait faire une semaine ou deux, mais les empreintes de son existence étaient toujours là, comme s’il n’était pas loin et allait surgir d’un moment à l’autre. Elles doivent être complétement effacées maintenant. C’est comme ça la mort, les traces matérielles disparaissent peu à peu. Il ne reste que les pensées. Ça m’a évidemment ramené à toi, et à cette bougie que j’ai déposé dans l’église Trinità de Montéi. Je l’ai allumée, suis resté un moment et suis finalement sorti de l’église pour poursuivre ma découverte de la ville. La bougie est demeurée là, la mèche s’est consumée, à petit feu, jusqu’à s’éteindre. Et pourtant, pour moi, la bougie continue toujours à briller.

Texte de Céline (sa Tante)

Les photos de ton enfance me bouleversent, j'y vois ma petite Plume qui portera aussi fièrement ton le troisième prénom de Charlotte. Promis , nous faisons tout pour profiter de la vie à pleine dents. Voilà cinq ans que tu n'es plus là physiquement mais tellement de choses que nous faisions avec toi restent dans notre coeur : les Black Eye Peas prennent maintenant une toute autre dimension pour moi. Maintenant je maitrise les smileys sur ordi et c'est toi qui m'y a initié. Je t'aime. 

Promis , demain on trinque à toi qu'on aime.

Tata Céline

Texte de Nicolas (son ami)

Comment dire ?

C’est très étrange de me retrouver ici avec ta famille et tes amis sans toi. Je voudrais rappeler quelques souvenirs que j’ai de toi. Notre rencontre remonte à 2007, nous étions inconscients, nous avons exprimé l’un pour l’autre beaucoup de tendresse, d’amitié, de complicité, ce dont nous ne nous sommes jamais départis. J’ai fait la connaissance de tes amis, de ta famille, de tes univers et nous sommes toujours restés attachés l’un à l’autre malgré nos vies professionnelles qui nous ont conduits à nous éloigner sans jamais que le contact ne soit rompu.

Je voudrais évoquer trois souvenirs parmi d’autres :
- Celui où nous étions malades comme jamais un soir de réveillon.
- celui où perchés au sommet d’une roue lors d’une fête foraine, nous ne faisions pas les fiers toi et moi mais où tu as su me réconforter.
- Et enfin l’ensemble de nos virées imprévues pour rejoindre ESTELLE sur un coup de tête.

C’était bien là une histoire magnifique, merveilleuse jusqu’au jour où tu as été arrachée à la vie. Tu n’étais plus et toute notre vie allait basculer ce jour là.
Ta disparition a constitué pour nous un grand effroi, une douleur qui ne disparaitra jamais, même si nous savons que le temps, sans jamais gommer les blessures, peut les atténuer. Tu es dans notre vie, dans ma vie, comme une mémoire indélébile. Nos correspondances et nos coups de téléphone quotidiens me manquent, mais ton amitié, ta confiance, la douceur de ton être et ta beauté me portent toujours.


Tu es dans mon passé mais tu demeures tous les jours avec moi, tu es d’un passé dont je ne peux rien oublier tant il est à la base d’un futur qui reste à vivre.

Je suis heureux de partager ce moment en ta mémoire, pour ce qu’il crée de lien entre celles et ceux qui t’ont aimé, pour tes frères, ta sœur et tes parents dont nul ne pourra mesurer l’infinie douleur, l’infinie tristesse de ta disparition.

Je ne sais pas si cela est raisonnable mais je t’embrasse encore.

Je ne sais pas si cela est juste mais je te sais partout dans nos vies.

 

Je ne sais pas si cela est vrai mais je veux croire te retrouver un autre jour.

Merci à toi Chère Charlotte…

Cérémonie du 06 avril 2012

Charlotte par Pierre (son père)

Janvier 1989, le mur de Berlin est en train de s’effriter mais pour Bénédicte et moi la révolution est ailleurs. Tu viens au monde le 19 janvier. L’évènement est tel qu’il est suivi en direct par tes grands Parents au téléphone car tu es leur première petite fille. Nous choisissons de te donner le prénom de Charlotte celui que portait ma grand mère. Pour les étudiants que nous sommes encore une autre vie commence et beaucoup de nuits blanches. J’ai retrouvé ces quelques lignes écrites plus tard qui tentent de décrire l’intensité du moment.

 

« Je tremble encore en me remémorant l’explosion de joie qui m’a submergé quand notre premier enfant est arrivé. J’ai le souvenir précis d’un moment où, sortant de la maternité, pour me retrouver dans le flux des badauds Lillois, il aura fallu que je me fasse violence, jusqu’à me mordre les lèvres pour ne pas hurler mon bonheur et le nom de Charlotte à cette foule pourtant anonyme. C’est tellement miraculeux de voir arriver un petit être à la vie. »

 

Nous voilà tous trois réunis à Hellemmes dans la banlieue Lilloise dans un bonheur absolu. Bébé, tu te portes bien, tes petits bourrelets m’inspirent et je te surnomme mon petit Boudha… tu grandis, choyée par Bénédicte qui arrête ses études.

 

Quelques mois plus tard après avoir migré sur la Côte d’Opale, nous accueillons ton frère Thibaut.

 

Bien que toute jeune, tu es déjà protectrice à son égard et l’on pressent déjà que l’attention aux autres guidera le sens de ta vie.


En 1993, alors que nous sommes installés dans notre première maison à Dreuil les Amiens , tu accueilleras avec le même amour Nicolas..

 

Tu grandis…. Avec ta frêle silhouette , ton teint blanc contrastant avec ta chevelure d’ébène et tes superbes yeux bleus nous avons notre Blanche neige. Ta mamie te confectionnera même le costume de l’héroîne.

 

Tu n’es pas toujours d’un caractère facile et Bénédicte a parfois comme l’on dit « du fil à retordre » mais tes crises de colère sont éphémères et ta gentillesse reprend toujours vite le dessus.

 

En 2000, tu vis l’arrivée de ta petite sœur Manon comme un très grand bonheur et tu joues alors le rôle de deuxième maman . Alors que tu es si sensible tu traverses une période difficile lorsque notre couple traverse une crise. Ce sera là notre plus grand regret.

 

Mais tu es forte et c’est naturellement qu’à notre arrivée à Cahors en 2002 tu t’intégreras dans ton nouveau collège. Les premiers amis défilent à la maison, les premiers d’une longue liste car Charlotte , il suffisait de la connaître pour l’aimer.


Les études n’étaient pas spécialement ton domaine de prédilection mais tu t’accroches pour faire un parcours sans faute, BAC, BTS de commerce international, Licence Pro en logistique à Saint Nazaire. Tu forces alors notre admiration .Premier emploi à Nantes puis il y a quelques semaines ton premier CDI. Nous sommes fiers de toi.

 

Malgré l’éloignement, Facebook, les coups de fil , les textos quotidiens et les allers et retours réguliers Nantes Cahors nous gardent soudés. Nous devions nous retrouver pour le week-end de Pâques.

 

Conscients du temps qui passe si vite, la nécessité de partager un moment privilégié à six s’est imposée. Ce fût alors notre dernier voyage en Août dernier à New York qui restera un moment fort. Je sais que tu l’avais vécu pleinement et tu déclarais encore il y a quelques jour vouloir y retourner.

 

Pour Conclure j’évoquerai simplement la présence de ta famille mais aussi de tes très nombreux amis. Certains n’ont pas hésité à traverser la France ou revenir de l’étranger pour venir à cette dernière rencontre. Leur présence est la plus belle des reconnaissance et un grand réconfort pour nous. Je pense aussi aux nombreux amis qui auraient souhaité être là et qui nous ont demandé de t’assurer de leur affection.

 

Nous t’aimons si fort Charlotte. Bisous ma fille.

 

Charlotte par Thibaut (son frère)

Ce discours je n’aurais jamais dû l’écrire, surtout pas maintenant… Mais je l’ai écris pour toi, ma charlotte car je pense que c’est ce que tu voudrais.

 

Charlotte et moi, on était comme chien et chat. On s’est aimé et détesté mais je crois pouvoir dire aujourd’hui qu’on s’est surtout aimé plus que tout, vachement aimé.

 

Ma seule consolation aujourd’hui c’est de me dire qu’elle a eu une belle vie. Elle a eu ce qui se fait de meilleur en ce monde comme famille et comme amis. Elle était tellement aimée par tellement de monde. La seule chose qui lui manquait, c’était son prince charmant. Et s’il n’était pas déjà là, il serait venu… et t’aurais été une super maman.

 

Charlotte c’était une amoureuse, une fleur bleue, comme ses deux beaux yeux.

Charlotte c’était une protectrice et j’ai été le premier qu’elle a enrobé de tout son amour et il y en a eu tant d’autres après.

 

Aujourd’hui tu laisses tant derrière toi, une vie qui a perdu tant de saveur. Je n’ai plus de grande sœur mais il me reste un frère et une petite sœur que j’essaierai de protéger aussi bien que tu l’as fait. Dans nos cœurs on sera toujours quatre, t’inquiète pas.

 

C’est juste à côté de cette église que tous les matins tu étais en retard et tu galopais pour rattraper le bus. C’est cette image que je garderai, cette course pleine de vie d’une vraie fille qui passait trop de temps dans la salle de bain à se pomponner.

 

« Tant que y’a de la vie, y’a de l’espoir tu dirais ». Aujourd’hui on est tous là pour célébrer la tienne et te dire merci pour tout ce que tu nous as apporté.

 

La dernière fois que je t’ai parlée, tu voulais aller au ciné et tu m’as demandé ce que je te conseillais. Je t’ai dit d’aller voir « Cheval de Guerre » que ça te ferait sûrement pleurer. Dans ce film un jeune garçon est lié par-dessus tout avec un cheval, que son père endetté vend à un soldat. Le cheval se retrouve au milieu du chaos de la guerre, traverse les épreuves les plus insurmontables et contre toutes attentes retrouve le jeune homme au crépuscule de la guerre. Moi aussi aujourd’hui je dois faire face à l’insurmontable mais je sais aussi qu’on se retrouvera.

 

Après avoir discuté ce soir là, tu m’as souhaité une bonne fin de soirée et je t’ai dit bonne nuit.

 

Repose en paix ma Charlotte, ma rarotte, je t’aimais.

 

Charlotte par Manon (sa soeur)

La sœur idéale, tu aimais la vie, tu en as profité un maximum, chaque jour ou tu pouvais venir à Cahors tu le faisais, chaque jour ou tu pouvais aller voir tes amis, tu y allais. Pas une seconde sans penser à toi.

 

On se disait tout, j’étais ton journal intime, tu étais le mien, tu étais mon reflet dans le miroir et j’étais le tien car dès que je me regarde dans un miroir, je te vois, je pense à toi, et à ce moment là, tous les souvenirs passés avec toi me reviennent par exemple, un jour je me suis rappelé, on était dans ta chambre on s’amusait à faire des photos, on regardait nos pieds et tu m’as dit, je crois que c’est ce que préfère chez moi … mes pieds. Finalement, on n’était pas exactement pareil toi tu adorais tes pieds, moi je détestais les miens.

 

Tant de souvenirs avec toi, tous autant merveilleux les uns que les autres. Par exemple, toutes les fois où je te prenais en photo, selon toi, elles étaient toutes floues, mal cadrées, pas assez belles, mais cela, moi, j’en avais rien à faire, l’important, c’était ta beauté sur chacune de ces photos, tes sourires, tes grimaces, tes délires … toi !

 

Charlotte, ma Sista comme on s’appelait, tu es partie trop tôt et tout le monde le sait.

 

Si on devait dire quelque chose aujourd’hui, c’est que la vie est injuste, que toi, tu ne méritais pas ça.

Tout le monde le sait, tu voulais retourner à New-York et ne t’inquiète pas, je t’y remmènerai… Dans mon cœur.

 

Charlotte par Nicolas (son frère)

Charlotte, ma sœur, depuis quelque temps tu étais si loin de Cahors
Mais quel bonheur de se retrouver dans le Lot, dans le Nord
Tes terres d'origines, là où tu as su grandir, te forger, t'épanouir

Là où nous savions rire, nous retrouver, nous réunir
Toi qui était fâchée avec l'heure
Mais aussi ces drôles d'histoires avec le coiffeur
Tu étais réservée, timide, malgré cela tu as trouvé de fidèles amis
Forcément une fille aussi gentille, toujours là en cas de soucis
Nous étions passés maîtres dans l'art de se disputer
Mais mamie était là pour te calmer
« Ma chérie c'est jute pour te taquiner » elle te disait
Tu n'aimais pas les câlins les bisous, et pourtant on t'en faisait tous
Je me rappellerai toujours des soirs où tu étais ici
À parler jusqu'à trois heure du mat, jusqu'au bout de la nuit

On se racontait nos vies, le boulot, les fêtes, nos délires avec nos amis
Nos envies de retrouver toute notre famille, de sortir, partir au loin
De se vider la tête quand on avait un coup de moins bien

Tellement de chose qu'on aurait pu vivre
Je regrette tellement j'aurais dû venir
Te voir, toi, passé du temps, connaître ta vie

Que tu me présentes tes nouveaux amis
Nous devions nous montrer nos progrès, moi en muscu, toi en danse
Mais à présent nous n'en n'aurons plus la chance
On ne se disait pas à quel point on s’aimait
Mais au fond chacun d'entre nous le savait
Cette semaine, on devait se retrouver

Mais l'improbable nous a séparé
Sache que je n'aurais jamais autant de haine envers cet homme que d'amour envers toi
Tu le sais qu'on s'aimait, même si on le criait pas au-dessus des toits
Je ne cesserai de penser à nos souvenirs, à ton rire qui n'était que tien

Tes petites expressions, tes paroles, tes mots, on en avait besoin

Nous sommes tous ici pour te célébrer, et pour ne jamais t’oublier

Nous serons toujours là petite Rarotte, pour toi ma sœur, Charlotte

 

Charlotte par Mamie Pierrette

CHARLOTTE, notre soleil, notre Blanche neige, n'est plus, on nous l'a tuée, notre cœur est en berne.

 

Notre esprit est révolté, nous nous refusons à accepter l'inacceptable!

 

Tu es partie, en pleine vie, en pleine santé, alors que l'avenir te souriait, c'est insupportable!

 

Sache, ma Charlotte que le trou que tu nous laisse à l'âme est béant et ne se refermera jamais.

 

Tu nous manques déjà atrocement! Comment imaginer la vie avec cette si lourde, si douloureuse absence : l'ile de Ré sans toi, la plage de Berck sans toi et les noëls, et les vacances, et toutes nos réunions de famille que tu illuminais de ton sourire, de tes superbes yeux bleus.

 

Nous sommes à jamais orphelins de ta présence!

 

Te voilà partie, bien trop tôt, rejoindre Perrine, Catherine, Papy Jo si fier de sa « petite crotte », et tous ceux qui nous étaient chers!

 

Nous avions encore tant de choses à partager, tant d'amour à te donner!

 

Je veux te redire ici, combien je t'aime, combien nous t'aimons tous!

 

Désormais, c'est avec nos souvenirs que nous poursuivrons le chemin, tu continueras à vivre à travers nous!

 

Comme Catherine, tu n'auras pas la chance de vieillir, tu resteras la superbe jeune femme que nous avons eu la chance de voir grandir!

 

Charlotte par Karine (sa tante et marraine)

Ma Charlotte,

 

Il y a neuf ans j’ai vécu l’enfer devant mon bébé

Et depuis, je remercie tous les jours le ciel

Du miracle qui s’est produit.

Je ne peux que cesser de faire ces prières

Car tu étais pour moi ma première fierté :

Celle d’être ta marraine.

Sache que je ne pardonnerai jamais

Que tu nous sois enlevée aujourd’hui .

Par contre, je te promets que je donnerais tout mon amour

À tes proches que tu chérissais tant.

Tu étais le pilier de ta famille, tu le resteras et tu nous protègeras.

Maintenant je vais sortir de cette église

Et je te retrouverais sur la colline à Marabelle

Où je sais que tu m’attends. . .

 

Charlotte par Emmanuelle (sa tante)

Une de mes occupations principales est d’écrire. Charlotte, à sa façon, fait partie de tous mes livres. Mais quand il s’est agi d’écrire en son hommage, jamais la tache ne m’a semblé aussi difficile.

 

Alors j’ai interrogé, mon petit garçon : quels mots lui venaient en pensant à Charlotte ? « Elle était belle. » Et oui, elle était si belle, notre Charlotte !

J’ai ensuite questionné l’homme de ma vie. Il m’a répondu : « Moi, c’est son rire qui me vient. Ce rire très particulier, d’une femme des années trente, très classe. » Et oui, elle était classe, notre Charlotte !

 

On a tous des images précises quand on repense à elle. Et moi, alors ? Elle aimait la mer et les bateaux, comme moi, elle était la seule de la famille que j’avais réussi à convertir au bio, la seule que mes recettes de cuisine ratées faisait rire, mais surtout, le hasard, ou peut-être pas, avait fait qu’elle avait choisi de vivre à quelques pas de chez moi. C’était un grand bonheur de la savoir là, si près.

 

Les amis de Charlotte lui étaient précieux, elle était prête à faire des kilomètres pour s’entourer d’eux, mais, plus que tout, elle accordait une importance admirable aux siens. Elle était le lien entre toutes les générations de la famille, s’entendait autant avec tous, du plus petit au plus âgé. Je connais peu de jeunes femmes de son âge qui mettent la photo de ses frères et sœurs en fond d’écran, qui accordent autant d’importance au regard de ses parents, de ses tantes, qui appellent ses grands-parents aussi souvent, qui gardent précieusement les mots doux de sa petite sœur, qui envoient des messages d’amour si spontanés à ses cousins.

 

Si le hasard inacceptable de la vie avait fait les choses différemment, ce matin, on l’aurait sûrement engueulée, parce qu’elle aurait probablement mis des heures à se préparer, à se coiffer, parce qu’elle aurait été incapable de choisir sa tenue, en aurait changé trois fois, au moins… Elle se serait moqué de nos reproches, parce qu’avant tout, elle était joyeuse de vivre, tout le temps !

 

En ton souvenir, Charlotte, je vais m’efforcer de regarder la vie avec cette joie que tu portais. J’aimerais que tous ici vous parveniez à faire la même chose, simplement parce que je suis convaincue que c’est ce qu’elle nous demanderait si elle en avait la possibilité. Je te promets, Charlotte, on va essayer, pour toi. Mais ça va être dur, tu sais …

 

Charlotte par Céline (sa tante)

Ma rarotte,

Les mots me manquent,
Je tiens à être là aujourd'hui à travers eux.
Je voulais que tu saches que j'ai décidé d'être forte parce que c'est ce que tu voudrais.
D'être forte afin de protéger le bébé que toi aussi tu attendais.
Tu étais si contente quand je t'ai annoncé son arrivée dans notre petite tribu si soudée.
Je voulais que tu saches que,
pour toi, ensemble, nous allons continuer,
afin de respecter la vie dont tu avais appris à apprécier les petits joyaux
Désormais, en chacun de nous, tu seras un de ces petits joyaux qui brillera pour nous guider.

Ma Rarotte, nous t'aimons et ça RIEN ne pourra y changer.

Vaille que vaille

 

Charlotte par Jean-Marie Poitout (ami de la famille et curé de la paroisse St Simon du Millienois en Picardie)

Charlotte, il fait froid dans nos coeurs aujourd'hui. Ton absence est lourde. Comment comprendre que ta vie s'arrête si tôt, si violemment ? Il n'y a pas de réponse, et tes proches sont sous le choc... Tu avais encore tant de choses à faire sur la Terre...

 
Pourtant, petit à petit, des souvenirs heureux nous reviennent à l'esprit. Je garde le souvenir de la jeune fille décidée, tonique, volontaire, enthousiaste ; le souvenir aussi de l'amour que tu as reçu de ta famille, et que tu savais redonner autour de toi. Je crois profondément que cet amour ne peut pas mourir. Ta vie, même beaucoup trop brève, a été utile, belle, féconde.
 
Aujourd'hui, vendredi saint, l'Eglise fait mémoire d'une autre mort injuste et révoltante, celle de Jésus, le Fils de Dieu : "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique..." écrit st Jean. Il n'a accompli que le bien autour de lui, mais sa parole de feu, de tendresse et de vérité, dérangeait. Cet homme, ce Dieu mort si jeune, il est ressuscité, ouvrant un passage dans le mur de l'absurde et de la mort ! A Pâques, la Résurrection de Jésus annonce la nôtre. Nous nous retrouverons un jour tous ensemble !
 

Pierre et Bénédicte, Thibaut, Manon, Nicolas, vous tous qui avez connu et aimé Charlotte, je vous rejoins dans la prière, l'amitié et l'affection. Accompagnés par mon frère prêtre Ronan, puissiez-vous continuer le chemin avec courage, foi, dignité, espérance et solidarité. Puisse la mémoire de Charlotte vous aider à vivre...

 

Ci-dessous un texte qui n'a pas été lu à la cérémonie mais que la maman de Charlotte tenait à partager:

Lettre à Charlotte par Bénédicte (sa maman)

Pradines le 17 Janvier 2011

Ma puce chérie

 

Je t’ai envoyé le disque de Louis Chedid (le père de M) et j’espère qu’il te plaira

Il y a de jolies musiques et des chansons à textes, écoute particulièrement la 2ème chanson et n’oublie pas que malgré la distance nous t’aimons très fort et tu nous manques.

La première aussi est chouette, sache que quelque soit tes problèmes,   nous serons toujours là pour toi

Je regrette seulement que lorsque tu es là, tu t’enfermes et tu ne veuilles pas faire des choses avec moi

Tu sais le temps passe vite

Regarde toi, ça y est, tu es lancée sur ta voie : 1er boulot, 1er appart, 1ère voiture, tu as gagné haut la main ton indépendance et je suis très fière de toi

J aimerai tellement que tu te sentes bien dans ton corps et que tu arrêtes de te cacher, tu es si jolie !

Je suis sûre que tu trouveras bientôt un petit copain digne de toi

Tu es belle, intelligente, il n’y a pas de raison et tu dois avoir confiance en toi

En attendant investis toi dans ton boulot et amuses toi aussi

Profite

Je t’embrasse très fort même si tu n’aimes pas ça

                   Maman

Bon anniversaire, passe une bonne journée  

Bisous, bisous , je t’aime